schuminator ♫ No Air ♫
Messages : 46 Date d'inscription : 15/11/2009 Age : 42
| Sujet: Sons of Anarchy Mar 1 Déc - 15:10 | |
| http://www.fxnetworks.com/shows/originals/soa/Topic consacré à cette série que j'ai découverte dernièrement. J'avais déjà entendu parlé du show mais sans chercher à le récupérer...puis l'autre jour je me suis rendu compte que le mercredi je récupérais aucune série et qu'il fallait remédier à ça Et là, grosse claque dans la gueule! Cette série est un petit bijou. Elle est, dans son style, ma préférée avec Breaking Bad et Dexter. - Citation :
- Les bikers sont de retour, et il était temps. Depuis trop longtemps, ces créatures de l’enfer bardées de cuir faisaient les troisièmes couteaux dans de mauvais téléfilms, tout juste bons à se faire démantibuler par le premier héros propret venu. Les revoilà sur leurs motos avec leurs tatouages absurdes et leurs bagouzes à tête de mort. Ce sont les Samcro (Sons of Anarchy Motorcycle Club, Redwood Original), un gang créé selon la légende du club en 1969 dans un patelin de Californie, la ville imaginaire de Charming, où ils se sont évertués depuis lors à conserver en l’état ce monde qu’ils pensaient parfait. C’est la toile de fond de la formidable première saison de Sons of Anarchy, série diffusée en 2008 sur la chaîne américaine FX et signée Kurt Sutter, scénariste et producteur formé à l’école Shawn Ryan, créateur de The Shield.
Évidemment, ils ne sont plus de toute première fraîcheur, nos rebelles indomptables. Entre cheveux gris et tonsure monacale, bide proéminent et toux nicotinée, la plupart semblent plus près de la chaise médicalisée électrique que de la Harley chromée à guidon surélevé. Pourtant, ils se défendent encore très bien, prospérant dans le trafic d’armes pour les gangs de Los Angeles où, pas fous, ils ne mettent jamais les bottes. Accessoirement, ils font régner une quiétude très provinciale dans leur bonne ville de Charming, chassant à coups de mitraillette tous les requins qui s’aventurent dans leurs eaux. Les dealers de tout poil comme les promoteurs immobiliers ou les succursales de multinationales. Charming est ainsi la seule ville de cette taille en Californie à ne pas posséder de Starbuck’s, pourtant un standard local.
Un gang de bikers se définit aussi par ses ennemis, et ils ne manquent pas. Pas du côté des autorités locales puisque shérif, maire et autres notables se montrent d’une docilité compréhensible compte tenu des arguments expéditifs de la bande. D’autant que, dans cette bourgade où le temps s’est figé, tout le monde y trouve son compte, voyous comme gens respectables. Il faut regarder plutôt du côté des autres gangs, chicanos ou aryens, jaloux de cette prospérité, qui tentent de rogner le territoire des Sons of Anarchy. L’enjeu de cette première saison, dès lors, est explicite. Atteints par la limite d’âge, ces chevaliers d’une autre époque pourront-ils résister à l’ usure du temps ?
C’est là qu’entre en scène Jax, l’héritier des Samcro. Fils du fondateur du club, il possède la beauté sauvage, la mélancolie d’un prince et le caractère ombrageux d’un loubard. Sa mère, Gemma, sorte de Marie de Médicis en cuir, s’est mise en ménage avec le président du club, ex-compagnon de route du père de Jax. Entre le prince et le régent, le climat n’est pas toujours au beau fixe, entre querelle de génération et lutte de pouvoir.
Ça rappelle quelque chose, non ? Oui, rien moins que Hamlet. Le prince, sa mère, reine indigne, son beau-père l’usurpateur… La correspondance devient éclatante quand, dans un long travelling, on découvre le jeune Jax, juché sur le toit du garage familial comme Hamlet sur les remparts d’Elseneur, les cheveux au vent, scrutant l’horizon comme s’il interrogeait l’avenir. Car, bien entendu, il y a quelque chose de pourri au royaume de Charming. La suite des événements, shakespearienne à mort, le confirmera, baignant dans le climat délétère d’une époque qui s’achève, pleine de secrets et de trahisons, de passions coupables et de vengeances cruelles.
Une fois encore, une série bluffante vient démontrer la profondeur du réservoir à histoires que constitue la télé américaine. Ce recyclage d’un classique de la littérature revisitant au passage les vieux mythes populaires des années 50 et 60, a été la révélation de la saison dernière. Grâce à une maîtrise narrative, sans temps mort ni dissipation dans des intrigues secondaires. Mais aussi, grâce à la qualité des interprètes qui, jusque dans les rôles les plus obscurs, donnent une densité impressionnante à l’ensemble.
A commencer par Jax, remarquable Charlie Hunnam, à peine entrevu (mais remarqué) dans Hooligans de Lexi Alexander. Sa démarche, tout en roulage de mécaniques, toujours à l’extrême frontière du ridicule sans jamais y tomber, vaut à elle seule le déplacement.
Et puis, il y a aussi une collection de character actors aux tronches impossibles, suintant la dangerosité, la folie et la névrose. Ron Pearlman, plus simiesques que jamais, sorte de Lee Marvin moderne en plus tordu, forme un duo fascinant avec Katey Sagal dans le rôle de la mère machiavélique. Les autres sont à l’unisson, avec une mention spéciale pour Kim Coats, brute au regard dément, capable de la pire monstruosité à tout instant.
Une fois avalée la première volée de ces treize épisodes, chacun sera très heureux d’apprendre qu’une deuxième saison est actuellement en cours de diffusion aux Etats-Unis. http://www.ecrans.fr/To-bike-or-not-to-bike,8321.html ça résume parfaitement la série qui est actuellement diffusée sur M6 tard dans la nuit le vendredi soir (super). - Citation :
- La fin de The Shield a laissé un vide d’autant moins facile à combler qu’il intervient après la disparition de Six Feet Under, des Sopranos et de The Wire, ce dernier drame policier s’étant achevé au mois de mars. Pour ceux qui se sentiraient orphelins, il existe un moyen, sinon de se consoler, du moins d’attendre des jours meilleurs qui verront (peut-être) le retour de séries capables de marquer leur époque. Sons of Anarchy, dont nous avions parlé au moment de sa présentation, peut constituer un bon objet de substitution.
Créée par Kurt Sutter, qui a officié comme scénariste auprès de Shawn Ryan dans la saga de la police de Farmington, SoA fleure bon la tradition. L’histoire est nourrie à la testostérone, elle pue la sueur, elle sent l’huile de vidange, le cuir patiné, la fumée froide et elle refoule comme un tas de fringues sales. Les flics y sont d’une intégrité parfois douteuse. La frontière entre les délinquants et ceux qui sont censés faire respecter la loi est aussi floue que mouvante. La morale n’est pas sauve.
Que l’action se déroule dans un club de motards (pas des Hell’s Angels, non, simplement des adeptes de Harley Davidson customisées) ne nécessite par une connaissance particulière ou une empathie pour cet univers de chromes et de pistons qui fonctionne avec ses codes, ses traditions et ses règles fondées sur la fraternité, la fidélité et l’honneur. Le SAMCRO (acronyme de Sons of Anarchy Motorcycle Club, Redwood Original) n’est qu’un prétexte pour ancrer le récit dans une communauté réduite et explorer les relations qui vont se tisser entre les protagonistes.
Cet univers en réduction - qui a toutes les apparences d’une famille mafieuse - est implanté dans une petite ville de Californie, baptisée Charming. L’aspect urbain, tel qu’il existait dans The Shield, est gommé au profit d’une atmosphère plus locale: on se plonge dans une Amérique où les gens se connaissent. Ils ont en commun un passé qui remonte bien souvent à l’époque de leur enfance. Les flics et les voyous ont usé leurs fonds de pantalon sur les bancs des mêmes écoles et les rapports qu’ils entretiennent à l’âge adulte ne peuvent pas se fonder sur l’autorité.
Clay Morrow (Ron Perlman) est le nouveau président du SAMCRO, titre dont il a hérité à la mort de son ancien ami John Teller, en même temps que de la femme de ce dernier, Gemma Teller (Katey Sagal). Dans cette nouvelle organisation, Jackson Teller, le fils de John, est vice-président. Clay considère “Jax” comme son propre rejeton, mais la relation entre les deux hommes ne se fonde pas sur un amour filial, même si le club fonctionne suivant un modèle patriarcal.
Morrow représente le passé et la tradition. Ses relations avec le chef du Charming PD, Chief Waybe Unser (Dayton Callie), sont l’illustration d’un ordre ancien dans lequel la paix sociale est obtenue grâce à un certain nombre de compromis: la police ferme les yeux sur les activités du club et en échange le club s’arrange pour que l’anarchie ne règne pas dans la ville. Si “Jax” s’inclut dans cette tradition, il n’en représente pas moins la modernité, une nouvelle idée de ce que devrait être le club. Cette tendance est encore renforcée par un manuscrit laissé par John Teller à son fils et à son vieil ami, Piermont Winston, avec lequel il a fondé autrefois le club. C’est la voix de Teller, venue d’outre-tombe, qui parle à Jackson à travers ce long texte, fait de réflexions d’ordre général sur la vie et d’ordre particulier sur l’évolution du club.
C’est ce manuscrit qui assume la dimension morale de la série, fournissant au jeune Jackson des sujets d’interrogation, tant sur le présent que sur l’avenir. Si Teller est enclin à des changements, s’il interroge régulièrement sa conscience, sa mère Gemma apparaît comme la gardienne du temple, la garante que la tradition sera perpétuée, car à ses yeux toute modification de l’ordre ancien constitue une menace pour la survie d’une espèce gouvernée dans les faits par un matriarcat. Elle ne participe, certes, pas aux réunions entre hommes pour décider de la politique du club, mais son influence en coulisses est immense: elle entend protéger sa progéniture comme une louve et façonner son caractère pour qu’il devienne à son tour un chef de meute. Sa pire crainte est de voir Jackson sombrer dans la faiblesse de caractère de son père. D’une manière très animale, elle est convaincue que l’héridité pèse de tout son poids.
Cette tension mère-fils (on pourrait en appeler à Freud pour expliquer tout ça) s’exprime au travers du choix des petites amies de Jackson, beau gosse blond, façon héros libre et sans attache. Tant que le jeune homme multiplie les conquêtes d’un jour, Gemma ne trouve rien à redire. Elle tire même une sorte de fierté par procuration. Tout se complique lorsque l’ancienne petite amie, Tara Knowles, revient à Charming pour s’y installer comme médecin à l’hôpital. Gemma comprend alors qu’elle a une rivale qui peut lui voler son fils, mais qui risque aussi de le faire sortir du chemin qu’elle a tracé pour lui.
La première saison sert à la mise en place de ce tableau d’ensemble et à la remise en cause de l’équilibre ancien. Remise en cause qui menace l’existence même du SAMCRO. Le monde de Gemma trembler au point de s’effondrer.
La force de Sons of Anarchy tient beaucoup moins aux scène d’actions (d’ailleurs pas trop nombreuses) qu’aux relations complexes entre les personnages et aux non-dits. On pénètre au sein de la famille et ouvrant un tiroir après l’autre, on découvre des secrets, des peurs cachées, des jalousies inavouées et des rancunes indestructibles. A ce jeu, Ron Perlman est formidable tandis que Katey Sagal est éblouissante. Charlie Hunnam fait un héritier extrêmement crédible, avec ses “baggy trousers” et sa dégaine de gamin qui a déjà l’étoffe d’un chef.
Kurt Sutter a également introduit une idée tout à fait originale dans le casting. Jay Karnes prêtait son allure dégingandée et sa voix nasillarde à Dutch Wagenbach, sorte d’incarnation de la probité du commissariat de Farmington. Dans Sons of Anarchy, Karnes est employé dans un registre inverse, sous les traits d’un agent de l’ATF en rupture de ban, aussi tordu et entêté que peu respectueux des règles de procédure. La performance de l’acteur mérite d’être saluée car dans les deux cas, il tient son rôle à la perfection.
Une dernière raison de se plonger dans SoA ? La bande-son est tout bonnement excellente. A titre d’exemple le 13e et dernier épisode s’achève sur une version rock et rocailleuse de John The Revelator que chantait Blind Willie Johnson avec sa voix profonde et éraillée, installé devant un convinient store de la rue centrale de Beaumont au Texas à la fin des années 1920. Toute la saison est ainsi émaillée de morceaux plus ou moins anciens qui ajoutent encore à la pesanteur de l’atmosphère. Au passage, cela permet aux plus curieux de se pencher sur le travail d‘Alan Lomax et de retrouver quelques chefs d’oeuvre musicaux de la culture populaire américaine. http://seriestv.blog.lemonde.fr/category/sons-of-anarchy/ | |
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